Rififi en grand Radada à Epinal

Messages : 57 Date d'inscription : 12/01/2008

Antimoine a écrit:: La silhouette malingre et vaguement inquiétante de l'encapuchonné glissait comme une ombre le long des venelles étroites, sous un clair de lune maussade et blafard.
Le bourg, paisible comme à son habitude, somnolait du sommeil de l'innocent, semblable en cela à toute contrée avant... disons... l'invasion des Huns, des Avars, des Vandales et des Goths réunis... sans oublier quelques nuées de sauterelles et une déferlante de rats affamés....

Tout cela n'annonçait rien de bon!

TOC TOC!

- Ouaye! répond le vilain dérangé dans son rêve d'opulence. en entrouvrant un volet miteux.
- Je cherche un certain Floup, ou Poulp de Saint Pol dit le capucin tirant sa mule.
- F'rait ben d'aller du coté du guet... ousqu'on pourra l'renseigner. Chuis pas le receveur des postes moué. Et qu'est ce qu'il y veut, au St Pol?
- Un fort parti de françoys approche ycelieu pour le voir... je dois m'enquérir de gîtes et de couverts convenables pour cette noble cavale qui fonce bride abattue.
- T'en foutrais moi, des forts partis de françoys! Pas d'estrangers chez nous! Ca ramène que vermine et vérole!
- Les Chateauponsac, que je sers présentement, seront ravis de ne pas avoir affaire à toi, merdeux!
- Va donc eh! Topinambour! rétorqua le gueux en regrettant que le tubercule du Nouveau Monde n'ait pas encore été découvert, ce qui aurait mieux sonné à l'oreille que cet infâme "topinambour" long et peu percutant.
- Va te faire ravauder chez les hellènes! conclut le moine qui avait des lettres...

foulques de St Pol a écrit:: - Tiens, un frère! Parlum latinum mon frerum ? risqua St Pol qui avait séché pas mal de cours de la langue sacrée.
- Le françoys d'anjou, le berrichon et le catalan, un peu de grec et d'hébreu aussi, et l'arabe evidemment, pour le bien de l'intellect.
- Ah...
...
...
Et tout ça ne se mélange pas dans vos méninges?
- Dans ce cas, je signe comme quelques sourds qui s'expriment ainsi... fit le moine en mimant une grande hâte et un certain agacement.
- Vous désirez... ?
- Qu'on me foute la paix!... Ou qu'on me renseigne sur ce Poulpe de St Pol qui fait se fermer l'huis à mon nez.
- C'est moi. Vraiment, mon nom vous a causé quelques problèmes?
- Ah, c'est vous mon frère... enfin, je désespérais! Qu'est ce que vous avez foutu pour que tout le monde se pince le nez à l'annonce de votre personne?
- Peu de choses en vérité... en fait ils n'ont encore rien vu!
- Eh beh... ça promet! Bon venons en au fait...
- Venez donc en mon modeste logis... vous pourrez sarcler les choux en me racontant.
- Vous perdez pas le nord vous hein... J'éspérais une soupe bien chaude et du pain...
- Vous les aurez... après les choux!

La Flamme a écrit:: Son cheval entra d'un pas poussif dans Epinal, les rênes lui pendant de chaque côté de l'encolure. La Flamme était perdu dans ses pensées et maugréait intérieurement. En plus d'avoir froid par cette nuit maussade, sous une lune pisseuse, il était découragé à l'idée de devoir toquer aux portes closes des auberges, sans doute déjà pleines à ras bord de soldats, de piétaille bouclée à Epinal par la fermeture des frontières de Lorraine, conséquence directe de la loi Martiale décrétée par le Duc. Il était censé faire route sans halte jusqu'en Helvétie et voilà que maintenant il était bloqué dans ce village où il avait envie de s'arrêter comme de se pendre !
Ah ! S'il était parti la veille il serait déjà au grand galop sur les routes de Franche Comté ! Mais non ! Noooon ! Il avait fallu que mÔssieur aille conter fleurette à cette fillotte ondulante du croupion entrevue à la sortie du bastion de Saint Dié, qu'il avait suivie jusqu'au lavoir pour entamer la causette, puis, voyant que son charme opérait, qu'il avait raccompagnée juqu'à sa ferme, pour passer une bonne partie de la nuit sous ses fenêtres à chanter je ne sais quelle complainte langoureuse composée dans la minute ( ah ! Il était diablement doué à ce jeu-là, La Flamme, quand "l'inspiration" lui tenaillait la viande ! ) afin d'attendrir et de convaincre la jouvencelle de lui faire une place dans son giron. Moyennant quoi, non seulement il n'avait planté aucun pieu nulle part mais il avait passé la seconde moitié de la nuit sur la quille et incapable de trouver le repos dans le fourrage des bêtes. Peste soit de l'animal libidineux qui sommeillait en lui et se réveillait toujours au mauvais moment ! La Colonelle allait lui donner de la bûche derrière les oreilles et ça ne serait que justice !
Enfin, fallait voir le bon côté des choses, hein ? Il aurait au moins plus de temps qu'il n'en faudrait pour se rendre à cette auberge " de la carotte lorraine", celle d'un dénommé RaoulLeGlabre, où il devait se charger des deux cracoucass porteurs de messages de la Colonelle. Saletés de volatiles ! Laids comme pas possible, puants la charogne, couillons et pas comestibles ! Ah ben, de fameux compagnons de voyage !
La Flamme en était là de ses pensées sur son cheval raclant du sabot sur les pavés disjoints lorsqu'il aperçut une silhouette encapuchonnée traînant une mule par la bride. Tiens donc, v'la un capucin qu'a dû rater l'office et les vêpres mais sûrement pas les pintes de vinasse ! P'têtre même qu'il est allé donner l'absolution à une catin ! " ricana-t-il, songeant du même coup avec envie que son propre fardeau avait bien besoin d'être soulagé.
Le capucin s'arrêta, frappa à l'huis d'une masure et la tête qui passa dans l'entrebaîllement de la fenêtre n'avait pas grand-chose de reluisant.
La Flamme, curieux de nature, sauta à bas de sa monture, ayant pris soin au préalable de se rencogner dans l'ombre de deux murs. Le vent lui porta des bribes de la conversation : "le poulpe de saint Paul...", " un groupe de François...", " une noble cavale", " ... la vérole", "... des tambours ..." ...
Que diable signifie ceci ? s'interrogea La Flamme le sourcil froncé, grattant négligeamment d'un doigt crasseux sa barbe naissante. Et qui c'est d'abord cette Hélène qui ravaude ?
La Flamme sentant poindre un grand mystère et l'occasion de dissoudre la médiocrité des jours à venir, s'empressa de suivre le moine lorsque celui-ci, la tonsure en pétard, reprit sa route. Et s'il n'arrivait pas à comprendre tout seul pourquoi un moine cherchait si loin de la mer un poulpe pour des chevaliers François qui sans doute étaient atteints de vérole ( et peut-être pire ! ) , hé ben, il enverrait un cracoucass à la Colonelle qu'était pas niaise et qui saurait bien démêler le noeud !

Messages : 57 Date d'inscription : 12/01/2008

La Flamme a écrit:: Le moineau s'enfonça dans la ruelle, marmonnant quelque imprécation contre le merdeux claqueur de volet. La Flamme le suivait à bonne distance, suffisamment loin pour ne pas être entendu, assez proche pour ne perdre de vue aucun de ses mouvements. Il avait entouré les sabots de son cheval de mouchoirs et braies trouvés dans ses fontes et ils avançaient tous les deux silencieusement.
Au détour de la venelle ils tombèrent sur une autre capuche qui accourait, peut-être alertée par les éclats de la dispute. Que font à votre avis deux moines lorsqu'ils se rencontrent ? Ils parlent latin ! Et allez comprendre quelque chose à leurs salamalecs ! Le capucin à la mule joignait souvent le geste à la parole et parut heureux de voir son frère. Celui-ci avait gardé sa capuche au début de la recontre mais semblant vouloir rassurer l'autre sur son identité, il dévoila son visage que la lune blafarde éclaira. La Flamme eut un mouvement de recul ! Jusqu'à présent il avait cru que le cul scrofuleux et pelé qu'il avait un jour aperçu exhibé à une fenêtre était la chose la plus affreuse qu'il eût jamais vue ! Mais là il dut avouer que la trogne du moine atteignait des sommets ! Un oeil torve, l'autre exorbité, un nez en bec d'aigle, une ou deux pustules par-ci par-là tout ça semé par une nature capricieuse, au ptit bonheur, dans une face de lune ! Et cette voix de crécelle !
La Flamme fut sur le point de se signer Seigneur ! Si tes serviteurs ont c'te tête, les valets du cornu peuvent difficilement être pires ! Sur ce coup-là, Seigneur, tu as manqué de mesure ...

annlor a écrit:: Tu as vu , tu as vu ? Lorsque nous sommes passés à Nancy ?
Ma miiiie?!
Sisisi , chamailleries, mesquineries , d'la bouffonnerie en veux-tu en voilà ! Tu crois que le Dragonet a fait pondre de la descendance par ici? M'étonnerait pas venant de lui !
Peste! Si ce longgg voyage n'a servi qu'à retrouver la même espèce indigeste qu'en Limousin ..A quoi bon?Ma Miiie ...
Mon Poilu, je préfère largement lorsque tu ronfles!Et je ne suis pas ta mie , juste ton épousée ...Pour le moment ! JE dois garder le privilège de la ralure ! Et ote ta sale patte de mon juppon!Et sache que lorsque tu parles de la chose indigeste , il ne faut pas dire peste mais chiasse! Nous sommes arrivés!
Gné?CHIASSE alors!...Où ca?

Quatre limousins , pas un de plus, ni un de moins, seulement quatre ...- Ce qui est beaucoup en l'occurence mais en Lorraine , doivent bien s'en tamponner le haricot sévère de ces quatre là!-...arrêtèrent montures en la place d'Epinal ...

Frérot , en Lorraine ! Et....un jour mon noble viendra , un jour il prendra ma main ...!
Pas ton frère , je te supporte juste pour ne pas avoir à recevoir de coups de cuisse de mouton sèche et puante de ta blonde de soeur !Pestouille va!
AldaArégonde, sache que ton noble beau, riche , musclé à souhait , hummmmmmmm , taratata ! Tu attendras! Et cents coups de brosse sinon, que nenni ! Contente toi de jouer à saute-mouton pour le moment!
Doit bien avoir quelques spinaliens fort gouteux par ici , ma petite chaudronneuse ! Et des vierges ? Vous croyez qu'il y en a?...
Vladilir , Annlor a dit P.A.T.I.E.N.C.E! Bon, j'serre les fesses d'abord!
Oui, jeune crassouille , serrons ensemble les fesses!

Descente de carosse ..-parce que ca fait plus mieux que la charette faut dire !..., quatre têtes d'un même coup partirent à droite ..Puis gauche puis....STOP! ...Serrage de fesses en règle commun ..UN, DEUX, TROIS , bah t'as pas raccroché ...-Pssst , tu te gourres là !Ah bon? ah oui, c'est vrai ! -...Donc UN, DEUX, TROIS , nous irons au bois ! ...- Ptsss, encore trompée...Mince alors!! -....

UN, DEUX, TROIS , finissage du serrage de fessiers limousins , puis d'une même voix , Poilu, Belette , Ingé et Valkiki s'exclamèrent avec leur bon accent francois ...

A nous la Lorraine!

Antimoine a écrit:: Bruit de tonnerre sur une des seules rues pavée de la ville, cavalcade et choc des roues cerclées de fer d'un carosse arrivant à train d'enfer...
- Enfer!
Déjà là!
Ils sont en avance! souffle le moine pâlissant sous la lune blafarde.
- Plaît il?
- Les Chateauponsac! Le baron va vouloir bouffer! Et il est méchant quand il a faim!
Il est... enfin vous verrez, vu qu'ils souhaitent vous rencontrer.
- Hum oui, vous ne m'avez toujours pas expliqué la raison pour laquelle ces nobles françoys souhaitent me voir, mon frère.
- Ah... oui. Ils vous l'expliquerons eux mêmes maintenant. Enfin si le gros monstre ne vous becte pas d'abord... Vous avez des cochons de lait? Disons... 4?
- ?
- Et n'importe quel liquide du moment que c'est du raide... deux tonneaux devraient suffire vu qu'il a voyagé en Bourgogne.... J'crois qu'"il a encore un peu la migraine...
- ?
- Et ... méfiez vous de la baronne... Elle ... enfin ne vous laissez pas attendrir par sa bonne mine... L'est dangereuse.
- Et de quel autre danger devrais je me prémunir ? fit un Foulques de plus en plus inquiet.
- Sa soeur!! elle mord!
- ?
- Leur compagnon de route... Un esprit tortueux, calculateur. Ne pensant qu'à des plans quasi diaboliques.
- Mais c'est l'arrivée des quatre cavaliers de l'apocalypse que vous me narrez là!
- Pire! C'est comme si une porte des Enfers s'était ouverte sur Epinal....
- Chutt! On nous observe, je crois. fit Foulques en montrant une silhouette dans les ténèbres nocturnes.

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vladilir a écrit:: Bon les enfants c'est bien beau cette ville mais c'est froid, c'est brumeux, ça crachouille depuis qu'on est arrivé, m'étonnerait pas qu'il neige encore en avril ici !

Soyons organisés, tout d'abord retrouver ce fichu moine, commet qu'il s'appelle encore lui marraine ? Poulpe de sait machin non ?

Foulques de Saint Pol espèce d'écervelé

Ah oui, peut pas avoir un nom simple celui-là ! Bon faut lui fiche ma main dessus, ensuite il finira bien par nous guider jusqu'à ton aïleur, on embarque le vieux, on charge son or et s'retourne en Limousin, au moins là bas le vin gèle pas dans les barriques.
Sait on au moins à quoi il ressemble ce moine ? ses correspondances m'avaient l'air bizarre, serait moitié défroqué que cela ne m'étonnerait pas. Pas la peine de la chercher à l'église, quelque chose me dit qu'on aura bien plus de chance à fouiner dans les lieux de perditions.

Va faloir à éviter que la Belette y mette son nez dans les lieux de perditions d'ailleur, je vous popose qu'on trouve une auberge correcte, on se tape la cloche, ensuite j'irai avec l'Poilu faire le tour des bas fond pendant que toi tu gardera la Belette à l'oeil. Ca ne serait pas le moment de la voir engrossée celle là qui croit discerner dans chaque sourire de jouvenceau un noble de haute extraction.

La Flamme a écrit:: Les deux moines discutaillaient ferme et La Flamme qui ne lisait point sur les lèvres avait bien du mal à saisir le contenu et le contenant. Il en était à se dire que peut-être il pourrait se rapprocher un peu quand un grondement sourd fit résonner les murs et les pavés derrière lui : un équipage déboula à toute blinde sur la place. Des nobliaux arrivaient en grand arroi !

Aïe ! pensa La Flamme. Les deux hommes d'Eglise n'avaient pas l'air non plus à la fête : le moine à l'âne fit de grands moulinets avec les bras et il sembla perdre des couleurs tandis que l'autre roulait ses yeux exorbités. Quatre têtes passèrent ensemble par la porte du carrosse et leur air ne disait rien qui vaille. Et c'est à ce moment que l'affreux pointa un index dans sa direction.
Re - aïe murmura La Flamme. On dirait bien que je suis repéré ... Faut croire qu'des yeux pareils ça regarde dans toutes les directions en même temps ... Mon vieux La Flamme, va falloir qu'tu prennes une décision : soit tu enfourches ton haridelle et tu t'en retournes séance tenante, soit ... Heu ... Ben ... Tu te montres et.... Heu ... Tu improvises mon gars !

AldaAregonde a écrit:: Alda Arégonde blême colère intervient, sautille devant Vladilir les poings serrés :

- Eh ! Oh! Je suis là hein ! Alors merci de ne pas faire comme si je n'existais pas ! Et puis je suis pas grosse ! Mal élevé !! Moi aussi je veux le chercher le Poulpe ! J'vais pas rester à l'auberge à rien faire... à moins que je n'y fasse quelques charmantes rencontres...

Se retourne vivement sur sa soeur

- Dis tu crois qu'il y a des Nobles célibataires dans le coin ? Si j'allais faire un petit tour en taverne moi ? Pour voir si quelqu'un connait le Poulpe ? Et puis ... j'ai soif ! Une petite tisane me fera le plus grand bien. Petit sourire malicieux

Foulques a écrit:: Du coin de l'oeil... hum... d'un roulement diabolique de globe oculaire, St Pol suivit le carosse qui menait train d'enfer dans une rue animée.
Du coup il perdit la silhouette entr'aperçue quelques instants auparavant... Bah quelque gentilhomme cherchant ribaude et ne voulant point être croisé par le commun, certainement.

Le carosse aux armes indistinctes fit halte devant une auberge et un homme en descendit.

- Lui c'est le tortueux... fit le moine françoys. Il doit vous chercher... Ou bien à boire pour le gros monstre... ou bien il a envie de pisser... Z'auriez vu ce qu'ils se sont mis en Bourgogne !
- Mais qu'est ce qu'ils me veulent! A la fin me le direz vous !
Le moine regarde St Pol d'un oeil torve...
- Pff vous êtes faits pour vous entendre en tout cas! Quel sale caractère! Charité bien ordonnée commence par soi même... allez donc vous en enquérir vous même! Moi je vais chercher victuailles pour le Monstro-baron!

C'est ainsi que St Pol s'avança vers la taverne où venait de disparaître le mysterieux Seigneur Vladilir.